29.3.16

Low : sous l'océan, personne ne vous entendra crier


Votre foi en l'humanité se réduit de jours en jours, au fil des bulletins d'informations, des décisions politiques ou même des découvertes de certaines facettes de votre entourage ? Sachez que, malgré cela, vous serez sûrement toujours en-dessous du pessimisme qu'a dû ressentir Rick Remender à une époque.
Ce pessimisme quant à l'avenir de l'espèce humaine, il a tâché de le faire transparaître dans la plupart de ses œuvres :
- Fear Agent est un space opera crépusculaire plein d'amertume (malgré des bribes d'humour)
- Black Science, une descente aux enfers inter-dimensionnelle sur fond d'irresponsabilité
- Last Days of American Crime est un thriller d'anticipation où, pour éradiquer la criminalité, les États-Unis décident de diffuser un signal radio supprimant toutes pensées criminelles et donc le concept même de libertés individuelles...

Bref, on aurait pu commencer à se demander si l'espoir n'était pas une notion inconnue pour sir Remender... et puis Low est arrivé, au terme d'une longue gestation, telle une lumière surgissant des profondeurs.

Dans l'encart éditorial proposé par Urban Comics dans le premier tome, nous apprenons en effet que Low a servi de réelle thérapie à Rick Remender pour guérir de son pessimisme. Pourtant, ce nouveau récit ne semble pas non plus commencer pas dans les meilleures conditions : À cause des radiations solaires, l'humanité est contrainte dans un futur lointain à se réfugier dans les profondeurs sous-marines et comme si cela ne suffisait pas, ses ressources sont sur le point d'être totalement épuisées...

Alors que la perspective d'une extinction totale commence à être intégrée par ses semblables qui se livrent à la manière de romains décadents à tous les excès imaginables (parfois en se prenant pour des romains, au moyen de diverses drogues), Stel Caine, l'héroïne de Low, continue d'espérer et croit en un salut spatial. Le lecteur la suivra donc dans cette quête pour la survie de son espèce, ponctuée d'épreuves qui feraient craquer les plus positifs d'entre nous. Car oui, c'est cela la force de Low et de la narration de Rick Remender : nous précipiter dans des ténèbres abyssales et laisser la lueur d'espoir de Stel nous guider vers une issue qu'on ne peut s'empêcher d'espérer positive malgré la froide cruauté de l'univers dans lequel elle évolue.


Comme on ne change pas une équipe qui gagne, Rick Remender s'est encore alloué les pinceaux de Greg Tocchini qui avait déjà œuvré sur Last Days of American Crime et l'artiste brésilien a fait des merveilles au niveau de la représentation des créatures ainsi que de l'architecture et de la technologie organiques qui se sont développées dans les fonds marins. Le seul bémol pourrait peut-être venir des figures humaines, aux traits parfois un peu trop évanescents, mais rien qui ne saurait vraiment nous faire bouder notre plaisir au cours de cette plongée (ou plutôt remontée) poétique mais impitoyable.

Avec Low, Rick Remender nous montre une fois de plus son affection pour la science-fiction, tout en nous dévoilant une facette plus optimiste de sa personnalité, un peu comme s'il était enfin totalement à l'aise avec ce lectorat qu'il ne cesse d'abreuver de pépites créatives (on se donne rendez-vous pour Tokyo Ghost !).

Alors, ça a quel goût Low ?

Caractéristiques principales
  • Genre : Science-fiction, action, anticipation
  • Style graphique : peinture numérique, trait "éthéré"
œuvres similaires
  • BD et romans : Metro 2033, Le Monde englouti
  • Ciné & TV : Seaquest DSV, The 100
  • Jeux Vidéo : Bioshock 1 & 2

Avec ses précédentes séries, notamment Fear Agent et Black Science, Rick Remender nous avait prouvé qu'il était un génie mais également un indécrottable pessimiste quant à la nature humaine. Avec Low, il signe un récit cruel et poétique sous forme de thérapie optimiste (si, si, c'est possible).


Low, tome 1
Auteurs : Rick Remender (scénario), Greg Tocchini (dessin)
Éditeur : Image Gomics (USA) / Urban Comics (France)
Nombre de pages : 176 pages
Prix : 10 € (jusqu'au 30/06/16, puis 14 €)