4.2.16

Spécial Angoulême - Kim Jung Gi : l'interview qui fracture la rétine

Vendredi 29 janvier 2016, le lendemain de ma première journée (et donc de ma première soirée) à Angoulême, j'avais rendez-vous tôt le matin, un des dessinateurs les plus impressionnants du moment et n'ayons pas peur de le dire, de tous les temps, Monsieur Kim Jung Gi. Compte-rendu de cette rencontre avec un auteur aussi impressionnant qu'accessible.

L'hommage de Kim Jung Gi à Akira et Katsuhiro Otomo
" J'ai lu Moebius en français, du coup, je n'ai pas compris les récits mais j'ai adoré sa composition, ses personnages et son imagination."
Kim Jung Gi 
Le Goûteur Culturel : Bonjour, à quel âge avez-vous décidé de devenir dessinateur et quelles ont été vos influences principales ?
Kim Jung Gi : J'ai décidé de devenir dessinateur quand j'avais 6 ans mais au final, je le suis devenu à 27 ans haha ! J'ai toujours été le meilleur dessinateur des classes dans lesquelles j'étais et mes camarades me poussaient à me lancer, tandis que ma famille voulait que je devienne un employé de bureau.
Mes influences viennent des choses visuelles et mes voyages me permettent de voir ce qui me donne envie de dessiner. Le fait d'être né en Corée (du Sud) m'a donné accès aux mangas et je n'ai eu accès à la bande dessinée occidentale qu'à mon entrée à l'université. C'est là que j'ai découvert des auteurs comme Richard Corben et Moebius. J'ai lu Moebius en français, du coup je n'ai pas compris les récits mais j'ai adoré sa composition, ses personnages et son imagination.
LGC : C'est là que votre attachement pour la France est né ? Vous avez l'air très attaché à notre pays avec vos nombreux séjours chez nous.
Kim Jung Gi : La France est un de mes pays préférés, je repars toujours avec des boosts d'inspiration et j'y suis plutôt lié en ce moment avec la série Spy Games scénarisée par Jean-David Morvan chez Glénat.
 Acheter Spy Games, tome 1
LGC : Pour en revenir à vos inspirations, je pose tout le temps cette question un peu piège : "Alan Moore ou Frank Miller ?"
Kim Jung Gi : J'adore Frank Miller pour son côté graphique, mais la narration de Moore me plaît aussi. Par contre le Dark Knight de Miller est vraiment grandiose sur les deux plans.
LGC : Vous êtes un virtuose graphiquement vous aussi et particulièrement lorsque vous dessinez des personnages féminins. Qu'est-ce qui provoque cela ?
Kim Jung Gi : (Rires) C'est parce que j'ai une grande tendresse pour les femmes et que je suis passionné par l'anatomie, du coup je m'entraîne énormément à les dessiner.
Illustration tirée d'Omphalos, son recueil d'illustrations érotiques
 " Pour progresser, observez le monde qui vous entoure et expérimentez sans relâche : dessinez encore et encore !"
Kim Jung Gi
LGC : On vous voit dessiner à l'encre de chine sur papier. Vous n'avez jamais désiré faire du dessin numérique ? Avez-vous essayé de faire du Webtoon (NDLR : bandes dessinées web populaires en Corée du Sud) ou de l'animation ?
Kim Jung Gi : Quand j'étais petit, je voulais faire de l'animation mais maintenant je crois que ce n'est pas mon truc, même si j'adorerais pouvoir en faire. Concernant le Webtoon, j'ai essayé quand j'étais jeune et ce n'est pas pour moi. Par contre, je trouve que c'est une plateforme intéressante pour découvrir de nouveaux auteurs.
Ah et pour le dessin numérique, on m'a offert une Cintiq (NDLR : La Rolls des tablettes graphiques) récemment et je m'amuse dessus en ce moment ! 
LGC : Auriez-vous un conseil pour les jeunes dessinateurs qui rêvent de suivre vos traces ? Avez-vous des techniques de concentration, écoutez-vous de la musique en dessinant ?
Kim Jung Gi : Pour progresser, observez le monde qui vous entoure et expérimentez sans relâche : dessinez encore et encore !
Quand je dessine, je n'écoute pas de musique. Par contre j'ai souvent une émission sportive en fond (rires). 
LGC : Merci encore pour vos réponses et votre gentillesse, bon festival et bon séjour !

Bonus : Vous trouvez ça beaucoup trop long et contraignant de vous entraîner à dessiner ?
Sachez que, d'après une légende portée à mes oreilles par l'incisif Republ33k, Kim Jung Gi se serait pris une balle de baseball dans la tête étant petit et c'est depuis cet incident que son talent et sa créativité ont germés. Une alternative plus douloureuse certes, mais moins chronophage pour vous.

Je ne pouvais terminer cet article sans adresser un immense merci à
Monsieur Jean-Christophe Caurette et à la traductrice coréenne de Monsieur Kim Jung Gi, sans lesquels cette interview n'aurait jamais été possible.


Mais qui est Kim Jung Gi ?

Bio
  • Année de naissance : 1975
  • Nationalité : Coréenne
Recette créative
  • ingrédients favoris : dessin rapide et sublime à l'encre de chine, compositions énormes, fresques.
Si les illustrations de Kim Jung Gi sont impressionnantes, voir l'auteur dessiner en direct suscite à tous les coups de l'admiration et parfois même de l'incompréhension, tant cela semble aisé pour lui de multiplier détails et éléments sur ses fresques. Et tout ça en restant accessible.

Les œuvres cultes de Kim Jung Gi

  • Dr Slump d' Akira Toriyama
  • Les travaux de Moebius
  • Akira de Katsuhiro Otomo