20.10.16

Découvrez Kōta Hirano : partie 1 - Hellsing, le chaos originel

Le dimanche 10 juillet 2016, mes "moi enfant" et "moi ado" sont venus me rendre visite, au détour des couloirs de l'espace presse de la Japan Expo. Le "moi enfant", se pointa à l'occasion de mon interview d'Olivier Fallaix, un de mes guides dans ma découverte de l'animation japonaise. N'ayant qu'une demi-journée de Japex dans les pattes, il fut assez facile à contenir et l'interview se déroula dans le plus grand des professionnalismes. Le "moi ado" allait se montrer plus coriace. Débarquant par surprise en fin de journée après une série d'interviews réalisées pour le site ami ActuaBD, il comptait bien avoir voix au chapitre durant mon dernier rendez-vous de cette Japex : mon "tête à tête" avec Monsieur Kōta Hirano !
Encadré par ses agents japonais et français et un producteur d'Universal Japan, je me retrouvai donc face à un des mangakas les plus marquants de sa génération, voire de tous les temps pour les amateurs de mangas "différents". Avec son premier manga à succès – après plusieurs essais infructueux, notamment dans le hentai –, le cultissime Hellsing, Kōta Hirano avait en effet réussi à insuffler un vent de folie moderne et bordélique dans le genre Seinen (NDLR : mangas pour un public adulte). Hellsing, c'est dès le départ l'envie de n'en faire qu'à sa tête. Déjà avec la déformation du nom Van Helsing pour donner un titre qui claque tout en foulant du pied les règles de l'anglais : "Hell sings" et "Hell song", c'est correct mais Hellsing ça ne veut rien dire. Peu importe, ça envoie ! Ensuite avec un univers peuplé exclusivement d'anti-héros plus ou moins déments. Dans le manga on suit la lutte de l'organisation Hellsing fondée par Abraham Van Helsing et dirigée par sa descendante, l'impitoyable Integra
Les vampires et autres forces menaçant le Royaume d'Angleterre comme, entre autres, l'église catholique et le Vatican sont dans la ligne de mire de l'organisation secrète. Pour combattre le mal par le mal, Hellsing compte dans ses rangs le premier et plus puissant vampire de tous les temps, Dracula. Renommé Alucard dans un souci d'anonymat et d'hommage à la série de jeux vidéo Castelvania, il est introduit au lecteur par le meurtre de Ceras Victoria, une policière anglaise ayant eu le malheur de se trouver entre un vampire et son calibre. Rassurez-vous, la pauvre victime collatérale se voit offrir une nouvelle vie de sous-fifre vampirique via une morsure de notre antihéros. Un deuxième vampire dans l'organisation, qui ne sera pas de trop pour aider Hellsing à repousser les assauts de prêtres psychopathes et de vampires nazis survivants du IIIe Reich.
Rien n'est jamais tout noir ou tout blanc dans Hellsing, les hectolitres de sang répandus par Kōta Hirano se chargeant de donner à cette toile foutraque en nuances de gris des teintes rougeâtres du plus bel effet. Tous les personnages semblent guidés par leur folie ou leur plaisir (souvent les deux à la fois) sans se soucier de la morale. Une recette déjà excellente, sublimée par un Hirano Sensei s'affranchissant avec brio au fil des tomes des toute règle de physique ou d'anatomie pour donner vie à un manga à l'esthétique unique. 

Personnages aux bras démesurés, sourires carnassiers, regards déments, faux raccords, jeux d'ombres surnaturels : encore une fois, Hellsing s'affranchit des normes, tordant les conventions artistiques pour les adapter à son projet plutôt que l'inverse. Après tout, comment l'ordre pourrait rendre justice à un tel chaos ?Lorsque je lui ai posé des questions sur ses influences, l'auteur m'a cité pèle-mêle Akira de Katsuhiro Otomo, la série vampirique Underworld (bien qu'elle soit postérieure aux premiers tomes d'Hellsing) et les films de John Woo. Un trio logique logique au final, dont on retrouve les arômes -plus ou moins subtils- dans Hellsing et son savoureux mélange de nihilisme, de vampires et de fusillades classieuses.
En définitive, Hellsing est une oeuvre dont les imperfections et la démesure font incontestablement le charme. Une sorte de délire décomplexé à la fois bordélique et maîtrisé que je ne peux que recommander aux amateurs d’œuvres uniques.

Mais qui est Kōta Hirano, le père de Hellsing ?

Bio
  • Nom complet : Kōta Hirano
  • Date de naissance : 14/07/1974
  • Nationalité : japonaise

Recette créative
  • Inspirations : films de gangsters, jeux vidéo historiques
  • ingrédients favoris : Ultra-violence, action classieuse, réappropriation fantasmée de l'Histoire


Avant de rencontrer Kōta Hirano, je l'imaginais comme une sorte de punk nihiliste. Ma surprise a donc été totale lorsque je me suis entretenu avec un grand enfant au regard pétillant de vie et de malice. Avec Hellsing, sa première œuvre populaire, puis dans Drifters, l'auteur semble tenter de faire passer directement son imaginaire explosif et hyperactif à ses planches. Cela se traduit par un dessin inimitable, plein de folie mais aussi d'imprécisions. Ce sont d'ailleurs cette folie et ce chaos graphique et scénaristique qui font tout le charme de Hellsing, une œuvre de vampire sombre, brutale et déjantée à découvrir absolument !
Hellsing 
Hellsing
Auteurs : Kōta Hirano (scénario et dessin)
Éditeur : Shōnen Gahōsha (Japon) / Tonkam (France)
Nombre de pages : 200 pages
Date de sortie : 27/08/2004 (France)
Prix : 7,99 €

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