Suites, remakes/reboots, spin-offs... "C'est dans les vieux pots qu'on mange le meilleur pop-corn" semble être devenu le credo de l'industrie cinématographique mondiale et ce ne sont pas les milliards de dollars de recettes de Jurassic World et de l'épisode 7 de Star Wars (classés quatrième et troisième plus grosses recettes de tous les temps selon boxofficemojo.com) qui vont lui donner tort. Si la nostalgie et de la "tradition" sont pour beaucoup dans ces succès, il serait injuste de sous-évaluer le mérite de leurs équipes créatives, parfois jeunes et biberonnés aux œuvres originelles. Cela serait insulter le travail de purs génies capables, parfois même, de magnifier le matériau originels. Ryan Coogler est entré dans cette catégorie avec Creed, sa reprise de la licence Rocky.
Retour sur ce film coup de poing !
Creed, c'est l'histoire d'Adonis, le fils illégitime d'Apollo Creed (adopté par la veuve de celui-ci, non revancharde...), l'ancien rival et ami de Rocky Balboa, qui décide un jour de plaquer sa belle carrière de bureau pour marcher dans les pas de son père. Pour ce faire, il décide de s'allouer les services d'un Rocky vieillissant et va devoir écrire sa propre légende à la force de ses poings.
Je ne vais pas y aller par quatre chemins : Creed est un film brillant et impressionnant.
"Impressionnant", tout d'abord par sa réalisation percutante, avec sa mise en scène virtuose des joutes et entraînements des boxeurs tout en encrant fermement le film dans le réel grâce à la direction photographique exceptionnelle de Maryse Alberti (déjà responsable de celle du bouleversant The Wrestler avec Mickey Rourke en 2008).
Le film alterne entre des phases fortes en adrénaline et moments de bravoures et d'autres plus tendres rappelant la vocation sociétale de la franchise Rocky (plus ou moins respectée selon les épisodes). Changements de rythmes que le suédois Ludwig Göransson, le compositeur fétiche de Ryan Coogler, instille à merveille dans le "score" du film, mix de thèmes orchestraux des premiers Rocky et de sonorités plus hip-hop, cette dualité faisant écho au tissu de l'histoire racontée, à l'héritage d'Adonis Creed joué par un Michael B. Jordan habité par son personnage plein de rage et de doutes et à sa relation avec Sylvester "Rocky" Stallone, l'ami de son défunt père, lui aussi face au combat de sa vie. C'est simple, même si c'est du cinéma et que le message positif pourrait faire sourire plus d'un cynique, on y croit et on est pris aux tripes par ce duo cabossé par la vie (un trio même, avec une Tessa Thompson faisant encore une fois preuve d'un sacré caractère à l'écran après un Dear White People imparfait mais cool où elle tenait le premier rôle et une apparition dans le très engagé Selma).
"Impressionnant" également pour l'histoire derrière sa conception et du coup par son côté "miroir" : contrairement à ce qu'on aurait pu penser, ce n'est pas la Warner qui a demandé à Ryan Coogler de reprendre la licence, mais c'est plutôt ce dernier qui est allé chercher Sylvester Stallone pour lui proposer de "reprendre les gants". En effet, en 2011-2012, alors qu'il était encore à la fac et qu'il s'apprêtait à filmer Fruitvale Station, son premier film, le jeune réalisateur ébauchait déjà le pitch de Creed, inspiré par le combat de son père contre une maladie neuromusculaire. Il se demanda alors ce que Rocky ferait dans cette situation, son père lui ayant transmis son amour pour la franchise, notamment pour le film Rocky 2 qui tournait en boucle dans la maison familiale durant son enfance. La première fois que Coogler pitcha le film à Sylvester Stallone, celui-ci refusa mais cela ne découragea pas le réalisateur qui revint à la charge, Fruitvale Station et son tableau de chasse impressionnant sur son CV. Une fois Stallone conquis, Coogler finalisa l'écriture du pitch avec son ami de fac Aaron Covington pour donner la mouture actuelle de son second film.
Vous l'aurez compris, Creed est un film qui a fait frétiller mes papilles de "goûteur" et donc quelle ne fut pas ma surprise de le voir absent de la sélection des Oscars 2016, excepté une nomination de Sylvester Stallone pour le meilleur second rôle. Une injustice relevée par nombre de médias internationaux car, si le film n'aurait certainement pas gagné (je lui ai préféré la plupart des films en lice et à l'heure où j'écris ces lignes, je ne suis que braises incandescentes en attendant The Revenant), il méritait amplement sa place lors de la cérémonie. Mais peut-être ce second film d'un jeune réalisateur noir, filmé par une femme et rythmé par le score d'un jeune compositeur suédois était trop "impressionnant" pour l'Académie...
Le combat pour plus de diversité dans les industries culturelles continue et ça tombe bien, on a un arrivage de playlists pour bien avoir la patate et "se battre plus fort et plus dur " :
Retour sur ce film coup de poing !
Creed, c'est l'histoire d'Adonis, le fils illégitime d'Apollo Creed (adopté par la veuve de celui-ci, non revancharde...), l'ancien rival et ami de Rocky Balboa, qui décide un jour de plaquer sa belle carrière de bureau pour marcher dans les pas de son père. Pour ce faire, il décide de s'allouer les services d'un Rocky vieillissant et va devoir écrire sa propre légende à la force de ses poings.
Je ne vais pas y aller par quatre chemins : Creed est un film brillant et impressionnant.
"Impressionnant", tout d'abord par sa réalisation percutante, avec sa mise en scène virtuose des joutes et entraînements des boxeurs tout en encrant fermement le film dans le réel grâce à la direction photographique exceptionnelle de Maryse Alberti (déjà responsable de celle du bouleversant The Wrestler avec Mickey Rourke en 2008).
Le film alterne entre des phases fortes en adrénaline et moments de bravoures et d'autres plus tendres rappelant la vocation sociétale de la franchise Rocky (plus ou moins respectée selon les épisodes). Changements de rythmes que le suédois Ludwig Göransson, le compositeur fétiche de Ryan Coogler, instille à merveille dans le "score" du film, mix de thèmes orchestraux des premiers Rocky et de sonorités plus hip-hop, cette dualité faisant écho au tissu de l'histoire racontée, à l'héritage d'Adonis Creed joué par un Michael B. Jordan habité par son personnage plein de rage et de doutes et à sa relation avec Sylvester "Rocky" Stallone, l'ami de son défunt père, lui aussi face au combat de sa vie. C'est simple, même si c'est du cinéma et que le message positif pourrait faire sourire plus d'un cynique, on y croit et on est pris aux tripes par ce duo cabossé par la vie (un trio même, avec une Tessa Thompson faisant encore une fois preuve d'un sacré caractère à l'écran après un Dear White People imparfait mais cool où elle tenait le premier rôle et une apparition dans le très engagé Selma).
Le combat pour plus de diversité dans les industries culturelles continue et ça tombe bien, on a un arrivage de playlists pour bien avoir la patate et "se battre plus fort et plus dur " :
Alors, ça a quel goût Creed ?
- Genre : action, sport, drame
Acteurs principaux : Michael B. Jordan et Sylvester Stallone, Tessa Thompson
Durée : 2h14