La cérémonie des Oscars 2016 et le premier sacre de ce cher Leonardo DiCaprio approchant, je me devais, en tant que noir et cinéphile, de me pencher sur la polémique de l'absence d'afro-américains parmi les nommés de cette année. N'étant pas très fan des instaurations de quotas et autres mesures de discrimination positives, cette absence m'aurait laissé de marbre si effectivement aucun d'entre eux ne "méritait d'être dans la dernière ligne droite" comme s'était interrogée Charlotte Rampling.
Manque de bol pour la vénérable Dame, il y en a bel et bien eu, selon moi, mais aussi selon la critique : Idris Elba dans le génial et poisseux Beasts of No Nation, F. Gary Gray le réalisateur du très hip-hop Straight Outta Compton ainsi que le fabuleux cast principal du film, Will Smith pour Concussion, son film choc sur le football américain (que je ne peux par contre pas juger car pas encore sorti sous nos latitudes).
Mais pour moi, la figure de cette injustice restera Ryan Coogler pour sa reprise virtuose de la licence Rocky avec un Creed transcendant le matériau originel, mais aussi pour ce que sa nomination aurait pu représenter. Retour sur la carrière du futur réalisateur du film Black Panther chez Marvel Studios.
Originaire d'Oakland, Ryan Coogler n'a jamais su tenir en place, que ce soit à l'école primaire où il multipliait les activités sportives ou à l'adolescence où, en plus de briller sur les terrains de sport, il excellait dans les matières scientifiques au point de suivre un double cursus en sport et chimie lorsqu'il arriva à la fac. Un esprit brillant dans un corps qui ne l'est pas moins qui ne s'arrêta pas en si bon chemin et poussa Ryan Coogler à s'intéresser également à l'écriture scénaristique.
Ce sera le coup de foudre au point de pousser notre futur réalisateur à intégrer l'USC School of Cinematographic Arts de Sacramento où ses travaux d'étudiant, déjà incroyablement matures et empreints d'une volonté de dépeindre les réalités sociales d'une Amérique parfois inégalitaire, attirèrent l'attention de Forest Whitaker et de sa société Significant Productions. Ryan saisi sa chance et leur présenta un projet de film basé sur un épisode tragique de violence policière dans la baie de San Francisco dont les retombées médiatiques et judiciaires l'avaient particulièrement touché. Ce projet c'était Fruitvale Station, sa première claque cinématographique adressée à la face du monde en 2013.
52 nominations et 32 victoires ainsi aux États-Unis et à l'étranger (notamment en France avec 3 victoire au Festival du Cinéma Américain de Deauville ainsi que le Prix d'Avenir remporté dans la catégorie Un Certain regard du Festival de Cannes en 2013)...
En un seul film, Ryan Coogler venait montrer à l'industrie cinématographique mondiale qu'il allait certainement falloir compter avec lui, fait qu'il confirma deux ans plus tard avec Creed, sa reprise explosive et touchante de la licence Rocky, deux ans plus tard. Plusieurs éléments lient d'ailleurs les deux films avec dans les deux cas, la présence en rôle titre du jeune Michael B. Jordan (The Wire, Chronicle, Les 4 Fantastiques...) et du suédois Ludwig Göransson (connu pour ses collaborations avec Donald -Childish Gambino- Glover, dans ses clips et dans la série Community, il s'est également occupé du score de Locks, le court-métrage de Ryan Coogler) au score (partition musicale du film).
Un trio créatif multi-ethnique faisant parler la poudre quand il est réuni et ne cumulant que 91 ans au compteur, c'était peut-être trop aux antipodes de l'Académie des Oscars...
Heureusement Disney, quoiqu'on puisse reprocher à la firme de Mickey, sait repérer les talents et exploiter au mieux leurs compétences (qui de mieux pour réaliser un film sur une super équipe dysfonctionnelle que le showrunner d'une série sur une équipe de chasseurs de vampires dysfonctionnelle ?). C'est sûrement pour cette raison que Ryan Coogler s'est vu attribuer la réalisation de Black Panther, un des films de la phase 3 de Marvel. Comme l'indique son nom, le film sera centré sur le premier super héros noir de l'histoire des comics américains et je vous indiquerai dans un prochain article pourquoi Ryan Coogler est un excellent choix pour s'occuper de cette adaptation et -spoiler- ce n'est pas (uniquement) parce qu'il est noir. En attendant, je vous laisse avec Locks, le court-métrage de fin d'étude du réalisateur qui, s'il n'est pas un chef-d'œuvre, préfigurait déjà sa pâte si singulière.
Charlotte Rampling empoignant fermement deux récompenses d'obsidiennes |
Mais pour moi, la figure de cette injustice restera Ryan Coogler pour sa reprise virtuose de la licence Rocky avec un Creed transcendant le matériau originel, mais aussi pour ce que sa nomination aurait pu représenter. Retour sur la carrière du futur réalisateur du film Black Panther chez Marvel Studios.
Jeunes années et la claque Fruitvale Station
Originaire d'Oakland, Ryan Coogler n'a jamais su tenir en place, que ce soit à l'école primaire où il multipliait les activités sportives ou à l'adolescence où, en plus de briller sur les terrains de sport, il excellait dans les matières scientifiques au point de suivre un double cursus en sport et chimie lorsqu'il arriva à la fac. Un esprit brillant dans un corps qui ne l'est pas moins qui ne s'arrêta pas en si bon chemin et poussa Ryan Coogler à s'intéresser également à l'écriture scénaristique.
Ce sera le coup de foudre au point de pousser notre futur réalisateur à intégrer l'USC School of Cinematographic Arts de Sacramento où ses travaux d'étudiant, déjà incroyablement matures et empreints d'une volonté de dépeindre les réalités sociales d'une Amérique parfois inégalitaire, attirèrent l'attention de Forest Whitaker et de sa société Significant Productions. Ryan saisi sa chance et leur présenta un projet de film basé sur un épisode tragique de violence policière dans la baie de San Francisco dont les retombées médiatiques et judiciaires l'avaient particulièrement touché. Ce projet c'était Fruitvale Station, sa première claque cinématographique adressée à la face du monde en 2013.
La reconnaissance, Creed et le futur Black Panther
52 nominations et 32 victoires ainsi aux États-Unis et à l'étranger (notamment en France avec 3 victoire au Festival du Cinéma Américain de Deauville ainsi que le Prix d'Avenir remporté dans la catégorie Un Certain regard du Festival de Cannes en 2013)...
En un seul film, Ryan Coogler venait montrer à l'industrie cinématographique mondiale qu'il allait certainement falloir compter avec lui, fait qu'il confirma deux ans plus tard avec Creed, sa reprise explosive et touchante de la licence Rocky, deux ans plus tard. Plusieurs éléments lient d'ailleurs les deux films avec dans les deux cas, la présence en rôle titre du jeune Michael B. Jordan (The Wire, Chronicle, Les 4 Fantastiques...) et du suédois Ludwig Göransson (connu pour ses collaborations avec Donald -Childish Gambino- Glover, dans ses clips et dans la série Community, il s'est également occupé du score de Locks, le court-métrage de Ryan Coogler) au score (partition musicale du film).
Ryan Coogler et Ludwig Göransson en train de chiller, au calme. |
Heureusement Disney, quoiqu'on puisse reprocher à la firme de Mickey, sait repérer les talents et exploiter au mieux leurs compétences (qui de mieux pour réaliser un film sur une super équipe dysfonctionnelle que le showrunner d'une série sur une équipe de chasseurs de vampires dysfonctionnelle ?). C'est sûrement pour cette raison que Ryan Coogler s'est vu attribuer la réalisation de Black Panther, un des films de la phase 3 de Marvel. Comme l'indique son nom, le film sera centré sur le premier super héros noir de l'histoire des comics américains et je vous indiquerai dans un prochain article pourquoi Ryan Coogler est un excellent choix pour s'occuper de cette adaptation et -spoiler- ce n'est pas (uniquement) parce qu'il est noir. En attendant, je vous laisse avec Locks, le court-métrage de fin d'étude du réalisateur qui, s'il n'est pas un chef-d'œuvre, préfigurait déjà sa pâte si singulière.
Mais qui est Ryan Coogler ?
- Date de naissance : 23 mai 1986
- Nationalité : Américaine
Recette créative
- Ingrédients favoris : Problématiques de société, séquences émotionnellement fortes
Jeune, charmant et surdoué, Ryan Coogler est assurément une des nouvelles figures de la scène créative afro-américaine. Son approche mettant en avant le réel et l'efficacité de sa réalisation lui ont permis de rapidement se faire remarquer par l'industrie et de se voir attribuer la licence culte Rocky puis l'adaptation de Black Panther pour Marvel.