En tant que "Goûteur", je surveille régulièrement de nouveaux talents qui pourraient me "régaler" à court ou long terme avec des œuvres fraîches et surprenantes, parmi eux se trouve Sweeney Boo, une jeune dessinatrice française au trait et à la personnalité déjà bien affirmés.
À l'occasion de la Journée de la Femme (et pour les autres jours aussi, parce qu'elle le vaut bien), je vous propose de la découvrir via l'interview qu'elle m'a accordé il y a quelques semaines.Sweeney Boo rendant hommage à Bryan Lee O'Malley avec un fanart de Liz (Seconds) |
" J'ai perfectionné mon dessin ces 4 dernières années en tant qu’autodidacte. J'ai persévéré, je dessine chaque jour, j'ai appris à dessiner à l'ordinateur, la couleur tout ça... en regardant des travaux, et essayant des choses... " Sweeney Boo
Le Goûteur Culturel : Pouvez-vous vous présenter s'il vous plait ? Pourquoi "Sweeney Boo" ? Une fusion entre Sweeney Todd et la chanson My Boo d'Alicia Keys et Usher (désolé pour la référence...) ?
Sweeney Boo : Mon vrai nom c'est Cécilia, j'ai 23 ans et j'suis illustratrice mais pas que, je suis aussi coloriste et lettreuse BD. Et je fais tout ça sous le pseudonyme de Sweeney Boo... Mais pourquoi ce pseudonyme... ? À vrai dire, il n'y a rien de très recherché derrière, cela date de mes années au collège, et je me rappelle avoir adoré la consonance du nom "Sweeney" puis au fil des années, c'est devenu Sweeney Boo, ahah. C'est pas génial comme histoire ! J'essaierai d'en inventer une plus jolie la prochaine fois !
LGC : Quand avez-vous décidé que vous feriez du dessin votre métier ?
Sweeney Boo : Je savais que je voulais faire du dessin depuis mes 13/14 ans... J'ai donc obtenu mon bac en communication graphique, puis passé un concours pour une école de dessin (j'avais 19 ans), et celle-ci m'a acceptée. Cela signifiait à nouveau 4 ans d'études, et une sacrée somme d'argent... Et j'ai dit non, j'ai donc commencé mon activité de freelance à ce moment là, je me suis dit "autant y aller maintenant !" et j'ai donc perfectionné mon dessin toute seule depuis.
LGC : J'ai effectivement cru déceler une part d'apprentissage en autodidacte dans votre trait, quelque chose d'indompté et de savoureux. Qu'en est-il ?
Sweeney Boo : Comme je l'ai dit un peu plus haut, j'ai perfectionné mon dessin ces 4 dernières années en tant qu’autodidacte. J'ai persévéré, je dessine chaque jour, j'ai appris à dessiner à l'ordinateur, la couleur tout ça... en regardant des travaux, et essayant des choses... tout s'est fait très naturellement.
LGC : Je vois également sur votre CV Tumblr que vous avez déjà officié dans le monde de la BD, même si ce n'était pas en tant que scénariste ou dessinatrice. Pour moi, le lettrage et la colorisation sont primordiales dans la création d'une bande dessinée. Pouvez-vous m'en dire plus sur votre expérience ?
Sweeney Boo : Durant ma dernière année de lycée, j'ai eu la chance de pouvoir faire un stage au sein du Studio Makma, et c'est grâce à eux que j'ai découvert tout cela. Ils m'on aidés, et m'on soutenus. J'ai beaucoup appris avec eux, et pour ainsi dire j'apprends toujours le lettrage de Bande-dessinée au fil des années.
LGC : Et sinon, BD franco-belge, comics ou mangas ? Marvel ou DC ? Moore ou Miller ?
Sweeney Boo : Mmm... Comics mais pas mainstream (NDLR : commercial, grand public), ou très peu, je suis plus indé. Marvel ou DC... je crois que sans le vouloir, j'ai plus de livres de DC, mais surtout pour leurs séries plus kids ou ado (comme Gotham Academy, Batgirl, Teen Titans....). Et pour finir... Moore ou Miller... même si ce sont tous deux de très grands auteurs, mon cœur penche vers Alan Moore, pour la bonne et simple raison que j'ai découvert le monde du comics avec Watchmen.
LGC : Vous avez l'air d'être prête à vous lancer dans le grand bain avec un projet BD que vous teasez en ce moment sur les réseaux sociaux. Comment avez-vous su que c'était le moment ? Ou bien avez-vous déjà effectué des tentatives ?
Sweeney Boo : Il y a encore deux ans, je ne voulais pas faire de BD, j'avais le sentiment que n'était pas "mon truc". Je ne me sentais surtout pas encore capable... Puis début 2015, une histoire me trottait en tête, tellement que j'ai dû commencé à l'écrire. Et c'est à ce moment que j'ai su que c'était peut-être le bon moment. Puis j'ai fait de belles rencontres, et démarré de très belles collaborations, ce qui me pousse à croire que j'ai fait le bon choix.
LGC : À côté de la BD, vous avez auto-publié un livre de cuisine illustré, une autre de vos passions ? Quelle est votre recette préférée ?
Sweeney Boo : Je ne pourrais pas dire que c'est une passion, mais il est vrai que j'aime cuisiner même si... il faut se l'avouer, je ne suis pas très douée. Ma recette préférée... (du coup je vais dire un dessert, puisque c'était le thème des Glamourdises) je dirais... le clafoutis aux cerises. Mais je le dessine mieux que je ne le cuisine ahah !
LGC : Je crois déceler une inspiration "Red-Sonjesque" dans votre projet de comics, êtes-vous une fan de Robert E. Howard et/ou des comics basé sur The She-Devil with a Sword ?
Sweeney Boo : En effet, le projet sur lequel je travaille actuellement met en scène une héroine barbare à la longue chevelure rousse. Mais elle n'est pas comparable à Red-Sonja, si ce n'est pour leurs ethnies. Notre personnage est une mercenaire torturée et mystique qui évolue dans un univers "Sword and sorcery".
LGC : Pour continuer avec les inspirations, quel(le)s sont les auteur(e)s qui vous ont le plus influencée dans votre approche de la bande dessinée ?
Sweeney Boo : Beaucoup d'artistes talentueux m'ont inspirée et m'inspirent encore... Il y a Alessandro Barbucci (W.I.T.C.H, Skydoll...), Bryan Lee O'Malley (Lost at Sea, Scott Pilgrim, Seconds...), Anna Cattish (Big Bang cats), Becky Cloonan (Wolves, The Mire...) Nephyla (Geek & Girly, La déesse...) Matteo Scalera (Black Science...) et un tas d'autres !
LGC : Les influences ne venant en général pas que de l'art dans lequel on évolue, pouvez-vous me donner vos 3 BD / romans / films / albums de musique préférés ?
Sweeney Boo : En bande dessinées... : Seconds de Bryan O Malley, pour les romans : Harry Potter et la coupe de feu.
Pas sexiste pour un sou, Sweeney Boo ne dessine pas que des femmes |
LGC : Questions bonus engagée : que pensez-vous du rôle des femmes dans la BD, avez-vous été déjà victime de sexisme ? Avez-vous été choquée par la polémique du FIBD d'Angoulême ? Un message aux filles qui souhaiteraient se lancer ?
Sweeney Boo : Je n'ai à ce jour, encore jamais été victime de sexisme. Mais j'ai déjà entendu certains fait de la part d'amies auteures. Je pense que les femmes qui font de la BD, ont, et doivent, être considérées comme "auteures" avant d’être considérées comme "femmes qui font". Etre regardées et récompensées pour leurs travail, et non regardées différemment parce-qu'elles sont des femmes. Se lancer dans la BD est risqué, surtout aujourd'hui, et je parle pour les filles comme pour les garçons. C'est un milieu ou il faut s'accrocher, ne pas avoir peur de l'échec et surtout avoir du mordant pour persévérer. Toute personne qui a de l'ambition et qui est prête à ne rien lâcher, a une chance de réussir. C'est une passion, et on ne peut que la vivre entièrement.
LGC : Voilà, je pense que je vous ai assez embêtée. Merci encore d'avoir accepté ma demande d'interview et j'espère avoir l'occasion de vous rencontrer en personne prochainement. Serez-vous d'ailleurs à Angoulême ou à la PCE (Paris Comics Expo) cette année ?
Sweeney Boo : Merci à vous, c'était un plaisir ! J'espère aussi avoir cette occasion ! Je ne serai pas présente ni au Festival d'Angoulême ni d'ailleurs à la PCE (festival que j'aime particulièrement!) pour la bonne raison que j'ai déménagé à Montréal en Octobre 2015... les festivals que je ferais cette année seront plutôt en Amérique et Amérique du nord !
Mais qui est Sweeney Boo ?
- Date de naissance : 17/01/1993
- Nationalité : Française
Recette créative
- ingrédients favoris : Pin-ups, persos féminins forts, imagerie comics et pop-culture
À seulement 23 ans, Sweeney Boo semble déjà savoir où elle veut aller dans le domaine de la BD tout en ne perdant pas de vue les difficultés du secteur. Avec des influences allant d'Alessandro Barbucci à Becky Cloonan, elle nous propose un trait tout en rondeur mais avec un caractère indéniable. Une artiste à surveiller de près !