10.12.15

Calendrier de l'avent 2015 - jour 9 : Comment c'est loin

S'il y a bien une catégorie de films français à laquelle je suis allergique, ce sont bien les comédies. Loin de moi l'idée de critiquer l'humour français, plusieurs de mes humoristes préférés étant français (ou assimilés). C'est plutôt la combinaison entre humour et cinéma français "moderne" qui me pose problème, un peu comme si les caméras agissaient comme une sorte Kryptonite sur la gaudriole.
Je ne vais pas m'étendre sur le sujet mais placer le contexte me paraissait essentiel pour vous aider à comprendre mon choix pour cette case au détriment de celle qui avait été définie à la base (Kingsman, oui, oui).

Bien avant d'être des mecs bloqués sur un canapé de programmes courts de Canal+, Orelsan et Gringe étaient des mecs bloqués dans leur processus de création artistique. Des rappeurs aussi glandeurs que rêveurs incapables d'aller où ils voulaient parce qu'eux-même ne le savaient pas vraiment. Enfin, ça c'est la légende que le duo a tâché de nous narrer au fil des années, que ce soit dans leurs morceaux, la frontière entre la fiction et la réalité restant encore à démêler (ou pas, ça permet de garder une part de mythe), l'album Orelsan & Gringe sont Les casseurs Flowters constituant la quintessence de cette narration en 2012.

Construit comme un buddy movie (film de potes) découpé en plusieurs tranches "morceaux "d'une journée, les envies cinématographiques transpiraient déjà à l'époque de chaque pores de l'album puis de ses clips léchés. En tant que fan, je me prenais à espérer un vrai film tout en redoutant le piège des biopics musicaux, des comédies françaises et surtout du fait qu'un bon rappeur ne fait pas forcément un bon comédien. Ces craintes m'accompagnaient encore au moment de passer au guichet du cinéma mais elles furent tout simplement balayées dès le premier quart d'heure du film.

J'ai tout simplement été séduit par l'honnêteté sans fioritures du film réussissant à transposer au cinéma tous les ingrédients qui nous avaient séduits dans les morceaux des Casseurs Flowters en les recomposant afin qu'ils soient adaptés au format appliquant des temps de pause salvateurs à la narration entre deux phases décalées. Comment c'est loin n'est certes pas le film de l'année mais il brille par son honnêteté et ses moments tragi-comiques réussis à base de punchlines débiles et de comportements autodestructeurs : une vraie bonne surprise.
Pour finir, Orelsan et son co-scénariste Christophe Offenstein (réalisateur et scénariste de En Solitaire) réussissent à éviter les écueils de la comédie décomplexée sans jamais tomber dans le pathos de certaines comédies dramatiques, proposant au final un film plus touchant qu'on aurait pu l'imaginer. Une sensibilité qui transparaît d'ailleurs dans la bande son du film disponible à l'écoute sur Spotify et à l'achat sur Amazon, un peu sage mais plutôt maîtrisée à l'image de J'essaye, j'essaye, ritournelle rap en featuring avec la grand-mère d'Orelsan.


Alors, c'est pour quel sapin
Comment c'est loin ?

Caractéristiques principales
  • Genre : buddy movie, vrai-faux biopic, comédie
Si étiez déjà séduits par les aventures des Casseurs Flowters à l'audio, il y a fort à parier que ce portage à l'écran des débuts chaotiques du duo de rappeurs rêveurs vous plaira. Vrai-faux biopic musical aux airs de buddy movie, Comment c'est loin pourrait bien réussir à nous réconcilier avec le genre et à nous proposer une des comédies françaises les plus réussies de l'année. Le film positif de fin d'année à aller voir entre potes pour rigoler mais pas que.

Production : Nolita Cinema, La Belle Compagnie
Distribution : Les Canards Sauvages
Réalisation : Orelsan, Christophe Offenstein
Acteurs principaux  Orelsan et Gringe
Durée : 1h30
Date de sortie : décembre 2015