27.1.16

Spécial Angoulême - Lastman : œuvre temporelle d'une génération ?

N'ayant pas encore pu me procurer le tome 8 de Lastman, je vous (re)propose ma critique du tome 7 ainsi qu'une analyse de cette œuvre. Asseyez-vous, servez-vous une petite tisane (ou un verre d'alcool fort si vous êtes majeur/un vrai bonhomme/dépendant) et savourez ma petite analyse de la série hybride qui monte au point d'avoir droit à son exposition dédiée à Angoulême.

Passé composé


Avant ce septième tome, Lastman c'était six petits météores propulsés à une vitesse surhumaine par un trio qui a su ne faire qu'un pour proposer une œuvre parfaitement adaptée aux exigences de notre époque.

Si Lastman plaît tant, c'est parce que ses auteurs sont au diapason de l'évolution des standards de l'Entertainment en général, le tout sans jamais oublier ce qu'ils doivent aux monuments de leurs médiums préférés.

Exigences de rythme, avec un rythme de parution effréné afin de satisfaire la boulimie d'un lectorat jeune qui s'est peu à peu habitué à une fréquence de publication trimestrielle (voire bimestrielle) de ses bandes dessinées japonaises préférées.

Exigences de format, matérialisées par une maquette "hybride", elle aussi affutée pour rivaliser avec la concurrence nippone par son prix modique (12,50 € pour l'édition classique et 18,95 € pour l'édition collector) et son apparence compacte particulièrement racée.

Exigences qualitatives enfin, résultant de l'expertise éprouvée du trio d'auteurs dans le domaine de la narration (plusieurs récompenses du milieu et des lecteurs pour leurs projets plus ou moins solo avant leur sacre commun à Angoulême cette année) et dans celui de la consommation de pop-culture : en bons enfants des 80's, ce sont eux les bébés zappeurs que cette chère Ségolène Royal redoutait tant de voir grandir.
Chaînon manquant ou nouveau stade de l'évolution ?
Si Lastman plaît tant, c'est parce que ses auteurs sont au diapason de l'évolution des standards de l'Entertainment en général, le tout sans jamais oublier ce qu'ils doivent aux monuments de leurs médiums préférés.

C'est pour ça que lire la série donne parfois l'impression de découvrir de nouvelles saveurs tout en réveillant plusieurs souvenirs gustatifs en même temps.
Enfin, ça c'est pour les lecteurs plus âgés, mais je suis sûr que même chez les plus jeunes, une sorte de réminiscence génétique permet d'apprécier ce que le cool fut, parfois bien longtemps avant leur naissance.

Présent plus que parfait


Parlons maintenant de ce fameux septième tome qui semblait mettre tout le monde d'accord.
Chez Marvel, la série aurait sûrement été relaunchée avec un sigle "All New" devant le titre, tant Lastman réussit à se renouveler avec ce nouveau cycle.
Je ne vais donc pas paraphraser les autres sites l'ayant chroniqué en vantant ses mérites graphiques, car il est clair que la symbiose entre Bastien Vivès/Michael Sanlaville au dessin et Yves "Balak" Bigerel au découpage vient d'entrer dans une nouvelle dimension avec un résultat visuel parfait.

Je ne m'attarderai pas non plus sur les dialogues finement ciselés dont John McTiernan ou Audiard père ne renieraient pas la filiation.

Je ne vais pas non plus m'engager dans un énième encensement du scénario emmenant le lecteur en des contrées narratives plus profondes où la lumière se fait plus rare certes, mais dont le terreau semble bien riche et fertile…

Ce tome 7 se déroule une décennie après les événements du tome précédent Spoilers tome 6 (click here). Richard Aldana croupit en prison tandis que tout va à vau-l'eau dans le royaume sous les ordres d'un monarque despotique.

Un semblant d'ordre est tout de même maintenu grâce aux efforts d'Élorna, qui a bien grandi de partout depuis et a intégré la Garde Royale avec son fiancé (et futur époux) sous les ordres de son meurtrier de père.  Enfin, ça c'était avant qu'un ordre dément du roi et l'évasion de notre Richard national ne précipite tout ce beau monde dans une course poursuite effrénée jusqu'aux routes toujours aussi mal famées de Nilipolis.

Nouveaux personnages, nouvelles apparences et psychologies pour nos anciens héros, nouveau statut quo, nouvelle intrigue... Si on avait été chez Marvel, la série aurait sûrement été relaunchée avec un sigle "All New" devant le titre, tant Lastman réussit à se renouveler avec ce nouveau cycle.

En numérologie, le chiffre 7 que l'on peut tripler ici, rapport au nombre d'auteurs, symbolise l'absolu (comme le chef-d'œuvre que constitue ce tome) , la chance (que nous avons de l'avoir entre nos mains après une si courte séparation) mais également la solitude (celle que ressentent nos personnages). Tuerie prévisible donc.

"Futur" antérieur


L'avenir de Lastman c'est bien évidemment les prochains tomes de la BD, mais aussi un jeu de combat sur consoles et PC ainsi qu'une série animée. Ce développement vers d'autres supports s'inscrit dans une démarche transmedia allant bien plus loin que de "simples" adaptations des événements déjà exploités dans la bande dessinée.

LASTFIGHT boit les larmes de vos enfants !
Il s'agit ici de permettre aux fans de s'imprégner un peu plus de l'univers riche dans lequel évoluent leurs personnages préférés comme précédemment avec la publication de Sexy Sirène, un magazine coquin que lisent les vrais bonhommes qui mangent du bois dans la BD.
LASTFIGHT, car tel est son nom, est développé par Piranaking, le studio monté pour l'occasion en 2014 avec une équipe partageant la même vision artistique que nos 3 auteurs avec des noms bien connus des initiés comme 2080 ou Khao. Nous pourrons donc bientôt, tout comme le petit Adrian dans le tome 4, doser le vrai faux jeu à licence basé sur l'image de Richard Aldana et de son pote Duke à l'époque où ils étaient des stars de la FFFC, la ligue de Free Fight locale. Le jeu du jeu sur les personnages de la BD dans la BD… Total Inception ! LASTFIGHT sera un Powerstone-like jouable jusqu'à 4 joueurs prévu sur Playstation 4, Wii U, Xbox One et sur Steam. Il est idéalement prévu pour fin 2015 et a déjà pu se faire tripoter les boutons lors de quelques rassemblements autour du jeu vidéo comme le Stunfest ou la Gamescom.


Toujours dans l'exploration du passé de notre gros bras au grand cœur, la prochaine étape après le jeu vidéo sera une série animée comblant plus précisément les zones d'ombres entourant son ascension vers la gloire et sa descente aux enfers (et vers la Vallée des Rois).

Un réel complément animé donc qui se devait de réunir une dream team, ici aussi proche de l'esprit recherché par les créateurs de la série. C'est donc naturellement que via l'entremise de leur éditeur, le sémillant Didier Borg toujours à l'écoute des besoins de ses auteurs, que le prodige de l'animation Jérémie Périn (Le clip démentiel de Truckers Delight, entre autres...) et son co-scénariste préféré, Laurent Sarfati, se joignirent à l'aventure Lastman.
La diffusion du dessin animé est pour l'instant prévue sur France 4 (qui mérite chaque année toujours plus les sousous de nos redevances télé) pour "2016" sans plus de précision. Le show devrait nous proposer 26 épisodes de 13 minutes chacun dans un ton mature mais divertissant proche de celui de la BD.
En regardant tout ce qui a été fait autour du titre et ce qui se prépare encore, j'ai envie de dire que nous vivons une bien belle époque mes amis, si on excepte le drame des migrants, le terrorisme, les crises économiques, les catastrophes climatiques, les chinois…
Bref, lisez/jouez/regardez Lastman, ça contribuera à mieux faire passer la pilule.


Sources des extraits : 9e Art (ils ont d'ailleurs publié la critique du tome 8 qui annonce du lourd)

Alors, ça a quel goût Lastman ?

Caractéristiques principales
  • Genre : Action, aventure
  • Style graphique : franco-belge métissé
Se laisser tenter par Lastman, c'est se délecter d'une histoire épique passant de tournois à la Dragon Ball à des périples dignes de Mad Max, le tout marqué par un sens virtuose de la mise en scène et des dessins sublimes.

Lastman, tome 1
Auteurs : Balak (storyboard), Bastien Vivès (dessin) & Michaël Sanlaville (dessin)
Éditeur : Casterman
Nombre de pages : 216 pages
Prix : 12,50 €