À l'heure où j'écris ces lignes, l'heure du concert parisien de Chance The Rapper au Zénith de Paris approche tranquillement et avec elle, grandit une certaine fébrilité de voir sur scène l'un des meilleurs rappeurs actuels. Présentation en cinq points de ce jeune prodige américain de 23 ans.
Un rappeur cool et lumineux
Le premier signe qui frappe lorsqu'on découvre Chancelor Benneth alias Chance The Rapper, c'est la bonne humeur qui semble se dégager de tout son être. Avec lui, point de poses de gangstas, de gros guns ou de poses virilistes. Chance sourit, fait le clown, danse n'importe comment (mais avec plus de style que toi, quand même) et – s'il est bien plus sculpté qu'à ses débuts – joue à fond sur sa dégaine d'anti-bad boy. Chance, c'est ce pote super drôle et talentueux qui n'a pas besoin de forcer ou de s'inventer une personnalité pour briller.Preuve en est, sa première mixtape 10 Day balancée sur le web en 2012, l'année de ses 19 ans, qui sortie de nulle part, fut téléchargée plus de 100 000 fois. Sa recette à l'époque ? Parler de sujets concernant toute personne vivant ou ayant vécu la transition entre une adolescence teintée de conduites souvent irresponsables et un monde adulte pas si reluisant que ça. Une sorte d'au revoir à l'insouciance aux saveurs de College Dropout, un des meilleurs albums (le meilleur ?) de Kanye West. Une ressemblance pas si fortuite que ça lorsqu'on apprend qu'il s'agit du premier album de rap écouté par Chance. Très vite, la volonté du rappeur de Chicago de faire la part belle aux instrumentales et de mélanger les genres avec des airs de piano ou encore de trompette dans ses morceaux, pour des résultats originaux mais parfois cacophoniques. Quatre ans et une palanquée de titres entraînants plus tard, le style du rappeur de Chicago s'est affiné et assagi, mais attention, pas dans le sens "perte de folie" ! Son gain de sagesse, Chance l'insuffle dans le dosage mélodieux de ses morceaux, dans ses compositions ou encore dans ses paroles. Tandis qu'Acid Rap, sa seconde mixtape pouvait faire office de publicité pour divers psychotropes, Coloring Book, la dernière en date aux sonorités gospel et soul, vibre de sa foi en Dieu, de son amour pour ses proches, pour ses racines et pour le rap. On me souffle à l'oreille que sa récente paternité n'y est peut-être pas pour rien.
Adoubé par ses aînés
Chance avec sa "Auntie Yoncé" et le mari de celle-ci |
Entouré par les meilleurs de sa génération
Si gagner le respect de ses aînés était une étape indispensable dans la construction de Chance The Rapper, le jeune rappeur n'en a pas oublié pour autant de s'entourer d'artistes parmi les plus talentueux de sa génération. Qu'il s'agisse du trompettiste fou Donnie Trumpet (non, ce n'est pas le nom de scène du 45e président des USA), de la soul sister revendicatrice Jamila Woods ou encore du rappeur au flow mitraillette Saba (la pub Xperia XZ, c'est lui), les proches de Chance semblent tous portés par la même énergie positive mêlant foi, conscience sociale et joie de vivre. Son groupe The Social Experiment s'apparente ainsi plus à une grande famille qu'à une simple formation musicale et transporte le public par son alchimie sur scène et en studio. Loin d'étouffer ses potes, Chance semble au contraire exercer sur eux une saine émulation et faire ressortir tout leur potentiel. Et comme si le talent était une histoire de famille, Taylor, le petit frère de Chance semble bien parti pour suivre les pas du frangin avec un rap solaire et énergique qui fait du bien par où il passe.
Retenez bien ces noms et ces visages, il ne serait pas étonnant de les voir de plus en plus sur le devant de la scène.
Retenez bien ces noms et ces visages, il ne serait pas étonnant de les voir de plus en plus sur le devant de la scène.
Partisan de la culture pour tous et de l'indépendance artistique
Désirant rester libre de créer selon son rythme et ses envies, Chance s'obstine a rester indépendant, allant jusqu'à refuser d'intégrer GOOD Music, le label de son idole Kanye West. Un choix qui lui permet notamment de proposer sa musique en téléchargement légal gratuit, quelle que soit la plateforme afin de les rendre accessibles au plus grand nombre. Dans sa chanson Blessings, Chance affirme une fois de plus son choix par ces quelques mots : "I don’t make songs for free, I make’em for freedom" (traduction ; je ne fais pas des chansons gratuitement, je les fais pour la liberté). L'artiste voit en effet plus loin que les 0,99 $ que pourraient lui rapporter la vente à l'unité de ses chansons sur la base des tarifs d'Apple. En adoptant cette stratégie, il prend de vitesse les pirates tout en offrant des portes d'accès à son univers coloré et addictif qu'il décline en produits dérivés et concerts, payants eux, sur sa boutique en ligne."Sox sells", toi même tu sais, frère ! |
Showman de ouf (peut-être le verrez-vous avec moi, le lundi 21/11/16)
Françaises, Français, je ne vous juge pas, maiiis... |
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