Lors d’un récent contrat en librairie jeunesse et manga, il y avait deux séries qui nécessitaient des réassortiments hebdomadaires invariablement. La première, A Silent Voice (éditions Ki-oon), faisait déjà partie de mes coups de cœur et je ne pouvais donc qu’approuver son succès. La seconde, Orange (éditions Akata), m’était totalement inconnue mais s’arrachait pourtant plus que mon chouchou. N’ayant pas eu le temps de la lire, je gardais son nom dans un coin de ma tête pour y revenir plus tard. Ce « plus tard », se produisit lors de ma rencontre avec Olivier Fallaix, lors de l'édition 2016 de Japan Expo. Le rédacteur du magazine culte de mon enfance, désormais responsable de Crunchyroll France, me présenta Orange comme un de ses derniers coups de cœur, qu’il s’agisse du manga originel ou de son adaptation animée. Je passais définitivement à côté de quelque chose et il fallait que je répare cela, foi de Goûteur !
Bon, au final, il ne me fallut pas moins de 3 mois pour enfin visionner la série sur Crunchyroll (plus tenté par l’animé que par la version papier, pour une fois) et quelle claquouze les amis ! Pas du genre révolution dans l’animation ou la narration, mais plutôt du genre petit choc venu de nulle part qui t’émeut par surprise.
Plus sérieusement, que l’animé vous donne ou pas les clés pour comprendre de cette correspondance inter temporelle, cela importe peu. En effet, la « suspension d’incrédulité » (NDLR : fait de trouver un récit plausible et cohérent vis-à-vis de lui-même, malgré des éléments fantastiques) opère très vite dans Orange. Au fil des épisodes, on n’a qu’une hâte : savoir si la Naho du passé va réussir à suivre les instructions de celle du futur, celles-ci allant parfois à l’encontre de son caractère. Car oui, même si elle se rend rapidement compte que les lettres visent à chaque fois juste, la Naho du passé n’en reste pas moins une adolescente normale, voire même plus timide et réservée que la moyenne. Certains choix prendront ainsi la forme de véritables dilemmes que notre héroïne aura bien du mal à surmonter, malgré la gravité de leurs répercussions. Ce sont ces moments de doutes et d’hésitation tout à fait humains qui rendent en partie Orange si attendrissant. Mais la série n’est pas que tendresse et derrière les ingrédients métaphysiques et romantiques de cette tranche de vie lycéenne, se cachent des considérations parfois malaisantes. La démarche de l’héroïne vise certes à sauver une vie mais pourrait effacer la de famille qu’elle a construite dans la ligne temporelle de sa version du passé qui suit les instructions de ses lettres.
Jamais « pousse-aux-larmes » inutilement, Orange réussit à émouvoir par la justesse d’une narration simple et claire accompagnée d’une patte graphique à son image ainsi que d’une bande son douce et intimiste. L’animation suit, elle aussi, cette voie de l’économie intelligente tout en n’étant jamais paresseuse, pour un résultat global apaisant et chaleureux pour le spectateur. Au final, on a l’impression que toute l’œuvre dégage une sorte de message subliminal qui pousse à se préparer un chocolat chaud et à se pelotonner dans une couette. Un animé d’été parfait pour l’hiver, en somme.
Crédits captures et vidéo : © Toho © Crunchyroll
Alors, ça a quel goût Orange ?
Caractéristiques principales- Genre : tranche de vie, romance lycéenne, fantastique
- Style d'animation : japonaise traditionnelle 2D et 3D
- BD et romans : Les Quinze premières vies d'Harry August
- Ciné et TV : L'Effet papillon
- Jeux vidéo : Life is Strange
- Musique : la B.O de Life is Strange
Adaptation impeccable d'un des plus gros succès critiques mangas de 2016, Orange navigue entre mélancolie et nostalgie. Une œuvre sur les actes manqués et les regrets qui interroge encore une fois sur ce que l'on ferait si l'on avait la possibilité d'influer sur le passé pour changer son présent.
Studio : Telecom Animation Film
Éditeur français : Crunchyroll (Simulcast)
Prix : gratuit (streaming légal avec possibilité d'accès premium)
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